Le Parlement islamique votera prochainement la loi de « protection de la famille ». Surnommé « loi anti-famille » par les défenseures des droits des femmes en Iran, ce texte a déjà été présenté en septembre 2007 et voté en juillet 2008 au sein de la commission juridique du Parlement islamique. Il confirme et renforce l’absence de droits des femmes dans la législation actuelle. Ainsi, il prévoit d’autoriser les hommes qui en auraient les moyens matériels, à épouser jusqu’à ۴ femmes sans avoir besoin de l’autorisation de la première épouse. Il rend aussi plus difficile les divorces initiés par les femmes, et facilite le mariage temporaire pour les hommes en supprimant la nécessité de son enregistrement auprès des instances officielles.
Ce type de proposition de loi s’inscrit dans l’esprit de l’Etat islamique qui règne sur le pays depuis 3 décennies et qui fait de la Charia une référence juridique, sociale, et culturelle. Il n’en résulte aujourd’hui que le développement de la misère (dont les femmes sont les premières victimes), des maux sociaux (dont la toxicomanie, le trafic de drogue et la prostitution) et des violences multiformes envers les femmes. Dans ce contexte, le régime en place tend à maîtriser l’importante crise politique, sociale et culturelle de la société iranienne par l’imposition de ce qu’il appelle la « morale islamique ». En effet, selon lui, la facilitation de la polygamie doit établir des règles morales pour lutter contre la prostitution. Pourtant, non seulement l’autorisation du mariage temporaire encouragé depuis 30 ans n’a pu empêcher le développement sans précédent de la prostitution (selon les instances officielles, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est descendu à moins de 15 ans), mais constitue bel et bien une forme de prostitution proposée comme un moyen – parmi d’autres – d’être entretenues pour les femmes les plus pauvres.
Les lois du régime iranien autorisent également le mariage des filles à ۱۳ ans – donc la pédophilie, et ce d’autant plus qu’une fille peut être donnée en fiançailles dès 9 ans. En réalité, du fait de différents facteurs socio-économiques dont l’accès des femmes à la scolarité, l’évolution des modèles familiaux et les difficultés socio-économiques, l’âge moyen du mariage est monté à plus de 24 ans. Mais les filles des familles défavorisées risquent toujours plus d’être données en mariage avant même d’être majeures. Parallèlement, les observations font part d’une augmentation sensible des mariages temporaires qui précarisent encore davantage les femmes.
Différents groupes de femmes actifs en Iran dont la « Campagne pour un million de signatures » qui réclame l’abrogation de toutes les lois discriminatoires envers les femmes, ainsi que des milliers de personnes ont lancé une protestation collective contre cette loi pour qu’elle ne soit pas adoptée.
L’accès aux droits humains pour les femmes, comme le démontre ce type d’initiatives prises par l’Etat islamique, passe par la séparation entre l’Etat et la religion, par l’instauration de la démocratie et de la reconnaissance de la citoyenneté. C’est pourquoi le régime en place désigne le féminisme comme l’un de ses ennemis principaux, et continue à poursuivre les défenseures des droits des femmes.
Aujourd’hui plus que jamais ces militantes ont besoin du soutien international.