Le corps des femmes et «particularisme culturel»

J’avais douze ans lorsqu’en Iran la révolution dite plus tard islamique a eu lieu. Je me souviens qu’à cette époque, les femmes et les hommes iraniens, côte à côte, la main dans la main, manifestaient contre le Shah. Mais dès que Khomeini récupéra ce mouvement, il le déclara islamique et les choses ont changé.

Dés son triomphe, le régime islamique visa les femmes. Et le héjab, voile, tchador, comme vous voulez le nommer, devint obligatoire pour toutes les femmes.
Désormais les femmes se virent contrainte de cacher leurs cheveux et leur corps, alors qu’encore la veille, les femmes dans la rue, dans leurs bureaux, étaient libres de s’habiller comme elles l’entendaient.

Avec cette obligation, les femmes iraniennes étaient les premières à voir le danger du diktat de la théologie. Car cela n’est pas comme certains pensaient et pensent encore, l’affaire d’un morceau de tissu : cela est une idéologie, cela est un point de vue sexiste et macho qui vise à humilier la femme dans sa chair.

Le premier huit mars, journée internationale des femmes, juste quelques semaines après l’installation du régime islamique, les femmes iraniennes étaient les premières à contester contre ce voile. Ce voile qui n’a qu’une visée : marteler en permanence à la femme son péché originel : être femme, « tentatrice ».

J’étais encore un peu jeune, et pourtant, un discours à ce sujet m’a marquée à jamais. Banisadre, alors était le premier président du régime islamique, cet individu qui a fait ses études en France, déclara dans une interview : « les cheveux des femmes contiennent des ondes qui excitent les hommes et les provoquent sexuellement, c’est pourquoi l’islam commande aux femmes de se cacher ».

Avec ces mots gravés dans ma tête, j’ai voulu connaître plus tard les vrais éléments composants un poil, et j’ai appris qu’un poil de n’importe quel sexe ou n’importe quel partie du corps est constitué de : carbone, hydrate, H2o et….mais pas d’ondes.

Je suis encore frappée par ce mensonge venu non d’un clergé quelconque, mais d’un homme dit d’une éducation moderne. C’est pour cette raison que je pense que présenter le corps de femme, comme quelque chose à cacher, à couvrir, n’est pas seulement le problème des hommes de dieu-x, mais aussi d’autres.

C’est pourquoi, depuis que je suis exilée en France, je suis avec beaucoup d’attention la question du voile.

Je milite dans deux mouvements différents concernant la même question : le corps féminin.

A ce jour, en Iran, les femmes continuent toujours de lutter contre ce voile. Si à un moment de leur mouvement, elles se sont dites qu’il fallait d’abord se battre pour les droits fondamentaux (divorce, ….), que la question d’obligation du voile était secondaire, aujourd’hui elles ne voient plus du même œil ce problème. Individuellement et/ou dans leurs mouvements collectifs, elles mettent cette question au cœur de leur réflexions. Les femmes en Iran protestent contre le port du voile qui a des conséquences contre la femme dans son intégrité, sa dignité et ses droits.

En France, j’ai du mal à comprendre la gauche, ou certaines gauches. Je ne sais pas au nom de quoi, de quel culturalisme, relativisme, ou particularisme, elles défendent le voile.

Il faut, pour que vous compreniez, savoir que le voile ce n’est pas un signe, ou un particularisme religieux. Le voile n’est rien d’autre que le signe apparent de la domination masculine sur le corps féminin.
Le corps de la femme est un grand enjeu des religions monothéismes : il est lieu de malédiction à cause des règles, de son enfantement. Et surtout, dans l’islam, le corps de la femme est la source de toute tentation et péché pour l’homme, c’est pourquoi il faut le cacher, le couvrir, le nier, le contrôler et le dominer.

J’ai du mal à comprendre comment dans un pays où nous avons décapité le roi, pas en tant que personne, mais en tant que la représentant de-s dieu-x sur terre, comment est-il possible encore de laisser le sort des femmes, au moins celles que l’on nomme femmes musulmanes, aux règles et aux lois de-s dieu-x.

A mon avis il faut se remettre aux principes de Liberté l’Egalité, et Fraternité/Sororité.

Si on accepte que tous les citoyens soient libres et égaux, on ne doit pas admettre pas que les femmes soient couvertes, cachées pour préserver les hommes de l’excitation et de la provocation sexuelle. Le principe du voile n’est que cela. Est-ce que vous le comprenez ?

Je pense qu’il faut insister et mettre en avant l’égalité entre les sexes. Le jour où, la société acceptera et pratiquera l’égalité des sexes, le problème du voile sera réglé. Là, le conseil d’Etat ne sera plus obligé de rappeler ce principe pour refuser la nationalité d’une femme « emburquée ». Là, « Libération » n’écrira plus que la demande de nationalité a été refusée à cause d’un particularisme. Car ce jour-là, cacher, voiler la femme, sera considéré comme un acte inadmissible et interdit.

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