Contre la répression des manifestations populaires en Iran

Depuis juin 2009, des millions d’Iraniennes et d’Iraniens sont descendus dans la rue et ont scandé des slogans tels que “Mort à la dictature” pour protester contre les dernières fraudes électorales. Le monde entier a pu constater qu’une partie importante du peuple iranien ne souhaite pas vivre sous un régime totalitaire islamique. Aujourd’hui, le pouvoir répond aux contestations pacifiques par la répression et, à cause de ses fragilités internes, manifeste sa crainte de tout changement. Ces fragilités résultent de la défaite idéologique, sociale et culturelle de la République islamique, illustrées par les failles sans cesse grandissantes entre les différentes factions du pouvoir. La crainte du régime d’une éventuelle révolution de velours ou de couleur n’est pas infondée : les mécontentements et les contestations civiques ne cessent de se développer depuis ces dix dernières années.

Durant cette décennie, sur un fond de lutte contre les discriminations sociales, ethniques, religieuses et sexuelles, et sous la pression de la censure et de répression, les étudiants, les ouvriers, les enseignants, les féministes et d’autres personnes actives ont brisé le silence par la création quotidienne de différentes formes d’action, et ont créé divers espaces de contestation. Comme le confirment tous les observateurs, les femmes iraniennes y ont joué un rôle significatif. En effet, en dépit d’une répression importante, le régime islamique n’a jamais réussi à faire assimiler le principe du voile. Au lendemain de l’annonce de l’obligation du port du voile, le 8 mars 1979, des dizaines de milliers de femmes iraniennes sont descendues dans la rue pour crier : “La liberté n’est ni occidentale ni orientale, elle est universelle”. Face à la répression de leur contestation, elles optèrent pour le port du “mauvais voile” et montrèrent chaque jour qu’elles n’accepteraient pas le modèle imposé par le pouvoir.

Aujourd’hui, dans les rangs des manifestants, le visage et le maquillage de beaucoup de femmes font part de cette résistance. Ces dernières années, avec la publication de textes et de revues, ainsi que la mise en place de campagnes contre la lapidation et pour l’abrogation des lois discriminatoires envers les femmes, le mouvement féministe en Iran a fait retentir la revendication du changement pour l’égalité au sein de la société. A l’extérieur du pays, les féministes iraniennes n’ont cessé de faire connaître la lutte des femmes en Iran. En s’appuyant sur la liberté d’expression qui leur est permise à l’extérieur de l’Iran, elles ont soutenu la lutte contre le pouvoir islamiste, instigateur de l’apartheid sexuel.

Aujourd’hui, la République islamique réprime les contestations populaires avec les mêmes moyens et instruments qu’elle a réprimé, dans les années 1980, les contestations massives de ses opposants : la terreur physique et psychologique. Ainsi, parallèlement aux arrestations, aux emprisonnements et à la torture des opposants, le gouvernement les inculpe d’être des espions à la botte des pouvoirs étrangers. Cette manipulation n’a d’autre objectif que de diffuser la peur parmi le peuple. Le spectacle des aveux des prisonniers, contraints à la repentance, cherche à faire peur, mais aussi à justifier la poursuite de la répression. Dans les tribunaux, les mouvements de la société civile sont assis sur le banc des accusés soupçonnés de mener une révolution de velours. Le mouvement féministe y occupe une place importante. Ainsi, le procureur du régime inculpe Shirin Ebadi de défendre les droits des femmes et, parallèlement aux attaques contre les mouvements féministes, met en avant le nom de 3 femmes actives : Noushin Ahmadi Khorasani, Parvin Ardalan et Shadi Sadr qui a récemment été arrêtée et libérée sous caution. Ces féministes n’ont fait que défendre les droits des femmes. Parmi les prisonniers actuels dont le nombre nous est inconnu, nous comptons les membres des mouvements féministes, entre autres : Ronak Safarzadeh, Kaveh Mozafari, Alieh Eghdam Doust, Jila Bani Yaghoub. Ils et elles subissent, comme les autres prisonniers politiques, l’isolement et la pression. Leurs familles, comme les proches des prisonniers politiques et des disparu/es dont les familles n’ont plus aucune nouvelle, vivent dans l’inquiétude. La liste des personnes tuées s’allonge tous les jours – selon les données officielles, 69 personnes auraient été tuées -, et accroît l’inquiétude.

Le Réseau de solidarité avec les féministes en Iran partage cette inquiétude. Nous nous opposons aux crimes commis par la République islamique lors de la répression des protestations légitimes du peuple iranien et nous demandons :
– la libération sans condition des prisonniers et prisonnières politiques ;
– la fin des faux procès et du spectacle des aveux et de la repentance des prisonniers ;
– la reconnaissance de la liberté d’expression, de conviction et de l’activité sociale, politique et culturelle ;
– la fin de l’instruction de faux dossiers pour inculper les membres actifs du mouvement féministe, des mouvements étudiants, ouvriers et d’autres mouvements de la société civile qui militent contre les discriminations sexistes, sociales, ethniques, religieuses et culturelles.

Nous protestons contre ces fausses inculpations des groupes et personnes qui défendent les droits humains, des féministes et des acteurs sociaux et politiques qui militent contre les discriminations dans tous les pays.

Réseau international de solidarité avec les féministes en Iran
Paris, 14 août 2009
www.iran-women-solidarity.net

مطالب مرتبط

دیدگاهتان را بنویسید

نشانی ایمیل شما منتشر نخواهد شد. بخش‌های موردنیاز علامت‌گذاری شده‌اند *