Aujourd’hui, l’image de Neda, la jeune femme tuée au cours des contestations populaires contre la fraude électorale, est devenue l’emblème de la lutte pour la liberté en Iran. Cela ne relève ni du hasard ni de la propagande. En effet, les femmes iraniennes jouent un rôle central dans la lutte contre l’Etat totalitaire qui, par l’idéologisation de la religion et l’imposition de la charia, instaure l’apartheid sexuel. La révolte qui a conduit de très nombreux Iranien(ne)s des urnes à la rue, ne se réduit pas à une confrontation entre les défenseurs des différents candidats à la présidentielle, mais traduit la volonté d’un peuple qui ne veut plus être assimilé à un troupeau. L’immense fraude ayant amené les masses qui ne supportent plus le mépris, à se soulever, les mains vides, contre un système armé jusqu’aux dents, démontre encore une fois l’impossibilité d’une élection libre dans un système fondé sur le pouvoir absolu du Guide suprême religieux. C’est ce pouvoir absolu qui est actuellement défié en Iran ; pouvoir qui se fonde sur la suprématie du religieux sur le politique et la citoyenneté. En effet, l’organisation d’élections libres exige la reconnaissance des citoyens non seulement en tant que récipiendaires de droits égaux, mais aussi en tant qu’auteurs des droits et acteurs de leur propre sort. Aussi la demande d’égalité devant la loi s’allie désormais à la demande de liberté et fait du changement de la loi dominante une nécessité vitale. La lutte des féministes iraniennes pour l’égalité qui n’avait jusqu’à présent eu d’autre réponse que la répression, a chaque jour réaffirmé cette vérité qui éclate aujourd’hui aux oreilles du monde à travers les cris d’un peuple dont les convictions de pensée qui le compose sont bien diverses.
Nous, femmes iraniennes, qui avons toujours lutté pour la liberté et l’égalité des femmes pendant nos années d’exil, sommes aujourd’hui aux côtés de ceux et celles qui revendiquent la liberté. Le cœur de Neda qui était dans la rue pour réclamer cette liberté, bat dans le cœur de chacune de nous. Sa voix, violemment étouffée dans sa gorge, s’élève de chacune de nos bouches.
Nous demandons la fin de la répression, la libération des prisonnier(e)s politiques, la liberté d’expression et de réunion et de rassemblement.
Nous demandons aux défenseurs des droits humains et aux féministes de soutenir la lutte du peuple iranien.
Nous demandons aux Etats et à la société internationale de condamner la République islamique et de ne pas la reconnaître.
Pour mener à bien ces revendications, faire connaître le combat féministe en Iran est très important. Le monde entendra et verra ainsi que toute la propagande qui fonde la légitimité de l’Etat répressif sur l’« islamité » du peuple, n’est qu’une absurdité.
L’image de Neda est l’emblème de la réalité cachée par l’ombre de ces grands mensonges.
Faisons la lumière pour mettre fin à cet Etat répressif.