Des féministes iraniennes s’engagent dans une lutte sans cesse renouvelée par différentes campagnes dont celle pour changer les lois discriminatoires envers les femmes en se référant aux pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels dont l’Iran est signataire. En effet, ces pactes soutiennent l’élimination des discriminations basées sur le sexe, alors que les lois iraniennes légalisent et légitiment le statut inférieur des femmes au nom de la religion de l’Etat. Sous prétexte du respect de valeurs culturelles et cultuelles, les femmes subissent diverses violences et discriminations dans tous les champs de leur vie, aussi bien au sein de la famille qu’à l’extérieur. Bien qu’elles soient présentes massivement dans les écoles et les universités, actives dans les lieux de création littéraire et artistique, visibles sur la scène sociale, elles sont considérées par les lois en vigueur comme des « demi-hommes » et sévèrement bridées dans leur être et leur devenir.
Les mouvements de femmes en Iran lancent, sur le plan national et international, un défi d’une importance majeure au regard des enjeux de la lutte pour la liberté et l’égalité entre les femmes et les hommes dans un monde menacé par l’avancée des mouvements extrémistes qui prônent l’exacerbation des identités nationales, ethniques et religieuses. Les femmes sont les premières victimes de cette vision figée du « culturel » et du « cultuel » qui conduit, comme le démontre l’expérience iranienne, à la sacralisation des discriminations au nom de Dieu. Inspirés du principe de l’universalité des valeurs démocratiques, ces mouvements échappent aux étiquetages stériles tels que « les droits de l’homme islamique » et « le féminisme islamique » pour insister sur le fait qu’être musulman/e n’est pas en contradiction avec le fait d’être adepte des droits humains et de vouloir vivre dans la liberté et l’égalité. Ils prônent ainsi un universalisme pluriel et féministe.
Depuis les premiers jours du mois de mars, avant la journée internationale pour les droits des femmes, ces mouvements ne cessent de subir une répression massive par le biais des arrestations de féministes actives. Sous prétexte de considérations liées à l’intérêt général, des dizaines d’entre elles sont interpellées et mises en détention. Dans un contexte de répression généralisée des médias, ces événements ne trouvent qu’un écho limité à l’intérieur du pays.
Nous appelons de vive voix les féministes, les défenseur/es des droits de l’Homme, les artistes, les écrivain/es, les intellectuel/les, les femmes et hommes politiques à soutenir les féministes iraniennes dont la lutte porte de réels espoirs pour des lendemains démocratiques.
Mars 2007
Initiatrice et initiateurs de l’appel :
– Chahla Chafiq, essayiste et nouvelliste d’origine iranienne, militante féministe et laïque
– Karim Lahidji, président de la Ligue de défense des droits de l’Homme en Iran, vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme
– Reza Moini, chercheur d’origine iranienne à Reporteurs sans frontières
Premier/es signataires (par ordre alphabétique) :
– Mohamed Abdi, secrétaire général de Ni putes ni soumises
– Brigitte Allal, fondatrice du Manifeste des libertés
– Tewfik Allal, fondateur du Manifeste des libertés
– Fadela Amara, présidente de Ni putes ni soumises
– Francine Bavay, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France
– Frédéric Benhaim, membre de la commission féminisme des Verts
– Sophie Bessis, chercheuse, secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des droits de l’Homme
– Albert Bischerour, marie-adjoint des Mureaux (78)
– Simon Blumenthal, responsable de Algérie Ensemble
– Denise Brial, présidente d’Atalante vidéos féministes
– Michèle Causse, écrivaine
– Nadia Châabane, vice-présidente de l’Association des Tunisiens en France
– Hélène Cixous, écrivaine
– Jocelyne Clarke, responsable du secteur féministe de l’Union des familles laïques
– Pierre-Marie Coiteux, maire adjoint de Sevran (93)
– Irène Corradin, professeure, membre du Collectif Midi-Pyrénées pour les droits des femmes
– Jean-Paul Damaggio, éditeur
– Marie Darrieussecq, écrivaine, journaliste
– François Delcombre, conseiller municipal de Soisy-sous-Montmorency (95)
– Monique Dental, responsable du Réseau féministe Rupture
– Catherine Deudon, photographe
– Clara Domingues, présidente de la Maison des femmes de Paris
– Bernice Dubois, féministe, co-fondatrice du Conseil européen des fédérations WIZO, ancienne secrétaire générale de la Coordination française pour le lobby européen des femmes
– Marie-France Durand, enseignante, féministe
– Françoise Duroux, maîtresse de conférence à l’Université Paris 8, membre du comité directeur du Réseau interuniversitaire et interdisciplinaire national sur le genre (RING)
– Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne députée européenne, ancienne déléguée interministérielle aux droits des femmes
– Caroline Fourest, essayiste, journaliste
– Sylviane Giampino, psychanalyste
– Christine Guillemaut, Femmes Contre les Intégrismes – Lyon
– Françoise Guilloise, maire-adjointe de Malakoff (92)
– Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris
– Abdelhamid Hihi, président de la section colmarienne de la LICRA – Colmar
– Evelyne Hihi-Rueff, vice-présidente de la section colmarienne de la LICRA – Colmar
– Jacques Hoarau, professeur de philosophie
– Didier Idjadi, universitaire et maire-adjoint de Bagnolet (93)
– Shiva Ismaily, criminologue
– Paula Jacques, écrivaine, journaliste
– Liliane Kandel, sociologue
– Catherine Kriegel, psychologue
– Pascale Leroy-Miellet, conseillère municipale de Wavrin (59)
– Barbara Loyer, maître de conférences, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8
– Sihem Habchi, vice-présidente de Ni putes ni soumises
– Fatima Lalem, sociologue, membre du Planning familial
– Claudie Lesselier, historienne, présidente du Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées
– Martine Lignières-Cassou, députée
– Elisabeth Loichot, conseillère municipale à Ivry-sur-Seine (94)
– Marceline Loridan-Ivens, cinéaste
– Carole Mann, sociologue, présidente de FemAid
– Malka Marcovich, historienne
– Catherine Margaté, maire de Malakoff, conseillère générale des Hauts-de-Seine (92)
– Nicole-Claude Mathieu, anthropologue
– Dominique Méda, sociologue
– Juliette Minces, écrivaine, sociologue
– Ariane Mnouchkine, artiste, metteuse en scène, directrice du Théâtre du soleil
– Philippe Namias, président de Laïcité Ecologie Association
– Mariana Otero, cinéaste
– Henri Pena-Ruiz, écrivain, philosophe, ancien membre de la commission Stasi
– Saeed Peyvandi, sociologue, maître de conférence à Paris 8
– Françoise Picq, vice-présidente de l’Association des études féministes en France, maîtresse de conférence à Paris-Dauphine
– Nadja Ringart, sociologue
– Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires
– Nicole Savey, membre de l’Association de solidarité avec les femmes algériennes démocrates
– Maya Surduts, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes et de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception
– Wassila Tamzali, avocate à Alger, ex-directrice du Droit des femmes à l’Unesco
– Claudine Thomas, présidente de Femmes Solidaires de Malakoff
– Nelly Trumel, peintre, animatrice de l’émission “Femmes Libres” à Radio Libertaire
– Fiammetta Venner, essayiste, politologue
– Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes
– Arlette Zilberg, adjointe au maire du 20e arrondissement de Paris