C’est avec une grande joie que nous avons appris que Shadi Sadr, avocate féministe et figure importante du mouvement des femmes en Iran, se trouve parmi les trois personnes pressenties pour le prix Sakharov. Nous espérons qu’elle en sera la lauréate pour que l’attention soit à nouveau attirée sur la résistance des Iranien(ne)s en faveur de la liberté.
En Iran, la répression sexiste est au centre du projet de l’idéologisation du religieux depuis 30 ans. Dès leur arrivée au pouvoir, les islamistes ont imposé le port du voile et la ségrégation sexuelle. Ils ont sacralisé les discriminations sexistes en prenant appui sur la charia. Les femmes qui ont refusé cette politique, ont été réprimées de différentes manières, notamment avec la collaboration des hommes et des femmes hezbollah. Mais leur résistance ne s’est pas pour autant affaiblie. Au contraire, grâce à la défaite visible du projet de l’islamisation de la société, chaque jour, un nombre plus important d’entre elles rejoint le rang des opposant(e)s au régime. Dans ce contexte de répression permanente, les jeunes générations, nées ces 30 dernières années, ont trouvé de nouvelles voies pour exprimer leur désir de liberté et d’égalité. Le féminisme qui est considéré comme une déviance et un délit par les gouvernants, s’épanouit parmi ces générations.
Les femmes contribuent activement à l’actuel mouvement populaire qui continue à percer malgré la répression. Aujourd’hui, les membres actifs des mouvements féministes et des mouvements de la société civile, des ouvrier(e)s, des étudiant(e)s, des enseignant(e)s, des universitaires, des intellectuel(le)s et des artistes sont de plus en plus exposé(e)s aux arrestations et à l’emprisonnement. Les féministes sont l’une des cibles prioritaires de cette répression. La propagande menaçante du gouvernement renseigne aussi sur sa volonté d’organiser une répression massive dans les universités. Chaque jour, nous recevons des nouvelles concernant des étudiant(e)s arrêté(e)s ou privé(e)s d’études.
Dans ce contexte, la résistance pour la liberté en Iran a urgemment besoin d’un soutien international. L’octroi du prix Sakharov à Shadi Sadr serait un pas dans cette voie. Nous, les membres du Réseau international de solidarité avec les mouvements féministes en Iran, soutenons donc Shadi Sadr, avocate active dans la lutte féministe et dans les combats pour les droits humains. Nous espérons que l’octroi de ce prix à Shadi Sadr attirera l’attention du monde sur le rôle important des femmes dans la lutte du peuple iranien contre la dictature et soulignera les revendications des femmes iraniennes pour la liberté et l’égalité.
Signatures du « Réseau international de solidarité avec les luttes des femmes en Iran » :
Shahla Abghari (Etats-Unis), Parissa Ahmadian (Allemagne), Elaheh Amani (Etats-Unis), Chahla Chafiq (France), Parvin Ebrahimzadeh ( Allemagne), Giti Edalati (Allemagne), Jaleh Taleb Hariri (Allemagne), Ghodsi Hejazi (Allemagne), Atefeh Jafari (Allemagne), Mihan Jazani (France), Monireh Kazemi (Allemagne), Azar Khanouni (Etats-Unis), Akram Moussavi (Allemagne), Sabri Najafi (Allemagne), Irandokht Navai (France), Shahin Nawai (Allemagne), Nahid Nosrat (Allemagne), Mojdeh Nourzad (Allemagne), Anne-Assieh Pak (France), Mahshid Pegahi (Allemagne), Elahe Sadr (Allemagne), Parvin Saghfi (Allemagne), Gitit Salami (Allemagne), Parvaneh Sepehr (Angleterre), Ann A PAK (FRance)
Autres signataires :
Maryam Azimi (Allemagne), Shahnaz Bayat (Allemagne), Ferdos Tajel Dini ( Allemagne), Shirin Pardar (Allemagne), Maria Rachidi (Suède), Aghdas Shabani (Allemagne), Haideh Torabi (Allemagne), Shahide Mahajer (France)